dimanche 18 février 2007

Vous avez dit matière grise ? (Claude Allègre, Plon 2006)

On est forcément intéressé à connaître les idées de celui qui fut à l’origine des nouvelles universités de la grande couronne francilienne, qui a jeté les bases des IUP et qui a impulsé, en tant que Ministre, le processus de Bologne-La Sorbonne ainsi que le système LMD en Europe. Résumé de ses propositions :

1) La méthode : laisser les expériences se développer, et légiférer ensuite éventuellement pour généraliser, plutôt que de commencer par un processus législatif lourd.
2) Respecter et valoriser la diversité : des disciplines, des talents, des établissements.
3) Financement : doubler le budget, pour mettre à niveau la dépense par étudiant, ainsi que les salaires des enseignants-chercheurs.
4) La recherche : elle doit être organisée autour des universités, avec un cadre unique d’enseignants chercheurs, et la majorité des postes CNRS seraient des postes d’accueil temporaires pour des universitaires
5) Les étudiants : prendre au sérieux leurs conditions de vie matérielle (logement, nourriture, conditions d’études), ainsi que l’orientation et l’insertion professionnelle
6) Culture générale et professionnalisation : la culture générale scientifique doit rester le fondement de l’enseignement pour permettre l’adaptation ultérieure, mais la question des débouchés professionnels ne doit pas être ignorée…
7) Pour un contrat pluri-annuel entre chaque université et l’Etat, représenté par un Chancelier des universités, indépendant des recteurs, ayant une compétence interrégionale, et exerçant un contrôle a posteriori.
8) Pour une évaluation des universités et un classement par discipline en 5 catégories (pour ne pas dire des « niveaux »).
9) Gouvernance. Pour des conseils moins nombreux et plus efficaces. Pour une présidence de 5 ans renouvelable une fois dans la même université (mais plusieurs fois dans une autre université), avec des pouvoirs accrus (par exemple, contrôle financier a posteriori) . Ratifié par le conseil d’administration, le président serait pré-sélectionné par un conseil d’orientation composé en majorité de non-universitaires ; il serait assisté d’un « prévôt » en charge de la marche interne, et d’un « directeur administratif » « dont le poste devrait être aussi attractif que celui d’un membre du Conseil d’Etat ou de la Cour des comptes. » (sic).
10) Formation tout au long de la vie, enseignement à distance, ouverture des campus tout au long de l’année…

Indépendamment de l’opinion qu’on porte sur chacune de ces propositions, certaines d’entre elles sont davantage susceptibles d’inspirer les politiques à venir : celles relatives à la méthode du changement, à l’évaluation des universités et à leur gouvernance en font sans doute partie.